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REQUISITOIRE FEROCE CONTRE L'ABSURDITE AMBIANTE
31 décembre 2011

Pour ou contre... les artistes "engagés"

Oxymore ou Pléonasme ?

Whisky ou vodka ?

Nicolas ou Pimprenelle ?

Ils sont nombreux les révoltés des plateaux télé, les professionnels de la générosité désintéressée, les vendeurs de disques et de guimauve émotionnelle, les bonnes âmes autoproclamées, des bons sentiments en veux-tu, en voilà.

Comment faire l’économie d’un papier sur cette caste parisienne si attachante qui nous gratifie régulièrement de scènes dramaturgiques agrémentées d’un zest de réflexions socialo-philosophiques et d’un brun de compassion altruiste ? En cette période de fêtes propice au prosélytisme humaniste, il serait tout même inconvenant qu’en bons décérébrés cathodiques que nous sommes, nous ne leur fassions pas partager notre écœurement nauséeux face à cette société capitaliste dégoutante.

Le phénomène est tellement ancien que Foucault (l’ultra de l’OM, pas le poststructuraliste sexualiste) lui-même ne se souvient plus du premier révolté télévisuel. Ca devait être en l’An 5 après Michel Drucker.

Citons quelques un de ces joyeux saltimbanques : Patrick Bruel, dont les coups de sang lui ont cassé la voix, Bruno Caliciuri, qui depuis une décennie n’a toujours pas réussi à répondre à cette grande question existentielle « c’est quand le bonheur », Charles Berling, dont les mauvaises langues aigries prétendent que les interventions télévisuelles oscillent parfois entre Ridicule et Ennui, JJG et sa célèbre société multinationale « les Enfoirés » ou encore Patrick Arditi, le publicitaire affable reconverti en homme de théâtre. Bref, un casting si impressionnant que Claude Lelouche aurait sollicité la liste complète pour son prochain film. Et que dire de la liste d’attente !

La théorie de la révolte télévisuelle repose sur un syllogisme aussi simple qu’incontestable :

On est généreux quand on a du succès : phénomène dit de la « célébrité » ;

On a du succès quand on est généreux : phénomène dit de la « popularité » ;

Donc puisqu’on a du succès quand on est généreux, autant être très généreux pour avoir beaucoup de succès, autrement appelé le phénomène du « je m’en fous plein les poches et ça durera ce que ça durera, au diable les mécréants jaloux ! ».

Alors on entend déjà les fascistes orduriers de droite, leur journal Présent sous un bras droit crispé, hurler au scandale de la gauche caviar. Mais se rendent-ils compte que ces privilégiés ont acquis de haute lutte leur droit à l’indignation professionnelle ? Avoir vécu la vie de bohème en trainant dans les pires établissements des bas-fonds crasseux du 6ème arrondissement parisien confère aux professionnels de l’apitoiement compassionnel une certaine légitimé. Et que dire des nombreux « fils de » qui doivent affronter quotidiennement la terrible et douloureuse épreuve d’un patronyme célèbre vécu comme un handicap dans un milieu professionnel dont l’ouverture et le mérite sont les deux seules mamelles ?

Comme disait une célèbre actrice X, ne soyons pas mauvaise langue : l’artiste engagé a le mérite de défendre ses convictions. Dieu sait, et mon gardien aussi, qu’il est extrêmement difficile de développer ses convictions et de se construire une conscience sociale entre la place de l’Etoile et le Bon Marché. Donc bravo à eux pour leur persévérance.

Peut-on en effet reprocher à ces artistes de ressentir une certaine proximité de cœur envers la populace défavorisée ?

Que dire d’un célèbre peintre, accessoirement chanteur français tout mignon tout beau, avec sa petite voix d’enfant naïf et innocent « gnagnagnagna » qui nous parle de son indignation et de sa révolte intérieure face aux pires injustices de notre monde ?

Que penser du récent combat du clown Barnabé en faveur du politiquement correct tellement menacé dans notre beau pays fasciste et antidémocratique ?

Dans les colonnes d’un grand hebdomadaire national faisant Le Point sur ce thème, un artiste qui s’exprimait au sujet de la multinationale précitée a récemment dénoncé un « système écœurant » mis en œuvre par des « plus-généreux-que-moi-tu-meurs » en recherche de promotion. L’aigreur de ne pas avoir été sélectionnée par JJG et Laurent Blanc est tout de même pathétique... Manquerait plus que cet artiste ait tort.

Ah ! On me dit qu’une autre vedette, au patronyme proche d’une célèbre marque centenaire de chaussures immondes mais ergonomiques, aurait lui aussi émis quelques critiques acerbes envers la multinationale ? Exact. Mais vérification faite, il semblait s’agir là d’une véritable crise d’égo.

D’aucuns diront que tout ceci est très curieux, qu’il est suspect que des artistes fassent entendre leur voix sur un plateau télé alors que celle-ci est à peine audible sur leur CD, qu’il ne manquerait plus qu’une grande muette élyséenne s’y mette et la boucle serait bouclée. Ah on me dit que c’est déjà fait ? Je n’ai pas du l’entendre. Encore moins l’écouter.

Le vrai drame dans cette histoire, ce sont les populations défavorisées dont ces « stars » sont les avocats commis d’office. Car l’artiste engagé est au combat social ce que l’avocat commis d’office est au délinquant : un défenseur souvent médiocre et non convaincu. Heureusement que l’avocat commis d’office s’exécute gratuitement.

Le manque de conviction. La mal de l’artiste moderne. Il n’y croit pas vraiment à tout ce baratin idéologique. Ses managers croque-morts ont beau le motiver au maximum : nada. L’artiste en quête d’inspiration idéologique et de sentiments larmoyants est à sec. Un peu comme à l’écoute d’un discours de Ségolène Royal en 2007 : c’est plutôt sympa, le buffet d’accueil est richement pourvu en petits-fours et champagne, quelques idées donneraient presque envie d’aller voter mais, dans le fond, on n’y croit pas. Pire : on préfère éviter de le voir mis en œuvre. Rendons nous à l’évidence : il y a plus de conviction dans le discours d’une présentatrice Nord Coréenne annonçant la mort du joyeux drille Kim Jong Il que dans les propos misérabiliste d’un artiste français en tournée de promotion sur les plateaux télévisés.

On me dit que ce texte serait trop parti pris, qu’il serait en réalité commandité par certaines officines extrémistes, que tout ceci ne serait que spéculations et procès d’intention envers nos artistes engagés.

Soit. On recommence.

Un, deux.

La détresse sociale de certains de nos compatriotes est perturbante. Perturbante certes mais nécessaire car, pour paraphraser un grand penseur du 20ème siècle, lui-même saltimbanque vocal contraint à l’exil helvétique, il faut « toucher la misère pour respecter l’argent ». Mais surtout respecter la misère pour toucher de l’argent.

Non, le grand public n’est pas indifférent à leur sort et à leur douleur. Mais rappelons que cette année, Noël est tombé un dimanche (le 25/12). Aussi eut-il été opportun que les défavorisés en tous genres, dans leur relative mansuétude, fissent preuve à leur tour d’un peu de générosité et acceptassent de freiner leur égocentrisme légendaire et agaçant pour que la France pût tranquillement préparer son grand gavage alimentaire collectif de fin d’année. Que nenni !

Non, la question n’est pas de savoir s’il est simple ou délicat d’être en difficulté sociale dans notre pays.

Non, le vrai et unique problème est tout autre et bien plus scandaleux : être défavorisé, passe encore, mais être défendu par des margoulins, ça non !

Et pourtant, monsieur le juge, sont-ils les vrais coupables ?

Avec un soupçon de lucidité et une touche de clairvoyance, on pourrait utilement s’interroger sur le rôle de l’animateur télé ou radio dont les fonctions s’étendent parfois jusqu’à la production de l’émission infamante (suivait mon œil, comme disait Jean-Marie).

En effet, si l’artiste engagé parvient subtilement à nous faire la brillante démonstration de sa verve et de ses qualités intellectuelles, c’est parce qu’un complice lui sert la soupe ! Pardon. Parce qu’un GO de la télévision lui donne une tribune pour s’exprimer !

Et, de fait, la pratique tend à l’escroquerie intellectuelle et au piège mesquin ! Plutôt que d’interroger les artistes sur leur hobby et se contenter de leur préparer une heure et demie de culte télévisuel de la personnalité, l’animateur préfèrera susciter la réaction passionnelle chez l’invité en le questionnant sur des sujets de fonds aussi variés que la fin de l’euro, les sans-abris, le jeu de l’équipe de France de football.

Que faire ? Ne devrait-on pas dénoncer les pratiques scandaleuses de ce microcosme médiatique parisien à la limite de la répugnance qui, non content de bénéficier de la présence des plus grands artistes français sur leur plateau télévisé, s’évertuent à leur tendre quelques pièges crapuleux et sadiques que Henri Guaino, en bon Richelieu low-cost, ne renierait pas !

La réponse est négative. En effet, il faut bien manger comme disait un célèbre acteur dans une interview probablement monnayée au sujet de ses multiples sponsorings commerciaux. Et s’il est choquant de prendre au dépourvu un artiste écervelé, il serait encore plus inadmissible que l’animateur producteur ne soit pas rémunéré au titre de sa précieuse intervention. On peut le comprendre : si le saltimbanque au cerveau atrophié se rince, pourquoi l’animateur anarcho-capitaliste devrait faire vœux de pauvreté : après tout, a-t-on déjà vu un fournisseur plus rémunéré que son client ?

Alors oui la bouillie intellectuelle que nous sert parfois l’artiste engagé lors de ses passages télévisuels me faire dire que l’école de ma raie publique peut encore avoir une utilité et que dormir en cours est une occupation certes agréable et ludique mais contre productive à long terme.

Oui à la fin des diverses émissions infâmantes, la lumière a plus été mise sur l’artiste éhonté et sa médiocrité cérébrale que sur les pauvres victimes de la société qu’il a tentées de défendre.

Oui j’aurais mieux fait de zapper et regarder un quelconque match de foot diffusé sur anal + sport que de regarder et écouter pour la Nième fois une intervention d’indigné sur un plateau de France X ou anal +.

Mais les artistes sont un peu comme du chocolat. A petite dose, c’est bon pour la santé mais l’excès provoque le mal de ventre, l’écœurement voire l’indigestion. C’est pour ça qu’on les aime mais c’est aussi pour ça qu’on les inviterait bien à s’exprimer avec parcimonie et retenue. Bref, à se recentrer sur leur passion.

Quant au mois de mai, on y fait ce qu’il nous plait.


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